La vie en turquoise : un roman engagé qui lève les tabous du cancer chez les jeunes

Faire vivre à tout jamais la mémoire de sa sœur, c’est le défi qu’Élise Giraudau s’est donné en écrivant La vie en turquoise, un chef d’œuvre littéraire qui sensibilise au cancer chez les jeunes. Ce roman rend hommage à sa sœur, Louise, partie trop tôt à cause d’un cancer fulgurant des ovaires. Ce récit tragique rappelle combien les cancers qui touchent les jeunes, sont encore peu médiatisés. Alors, Élise prend la parole sur le sujet, au micro de Sénevé.

En 2023, Santé Publique France comptabilisait 969 nouveaux cas de cancers chez les 15-19 ans et 1 335 nouveaux cas chez les 20-24 ans, avec quasiment autant de jeunes filles touchées que de jeunes hommes. Même si l’on en parle assez peu, les chiffres sur les cancers chez les jeunes, sont en hausse ces dernières années. Sensibiliser au cancer et raconter son vécu de l’intérieur, c’est donc ce qu’a souhaité, Élise Giraudau avec son premier roman publié, La vie en turquoise.

« Quand on a su que ma sœur n’allait pas sortir victorieuse de ce combat, je me suis dit que j’allais écrire un roman sur ce sujet en partageant le point de vue du malade et de l’aidant ».

La vie en turquoise, c’est l’histoire de Louise, élue miss juste avant l’annonce de son cancer.  A travers ce roman, Élise raconte la maladie de sa sœur, la vie d’aidante et décrit les injonctions à être jolie en tant que femme ainsi que les changements du corps qu’engendrent les traitements contre la maladie. Et si vous vous demandez pourquoi le turquoise ? C’est la couleur du ruban pour le cancer des ovaires, mais c’est aussi une métaphore.

« Élie et Louise voient toutes deux la vie en rose, avec des vies, certes imparfaites mais saines et équilibrées. Marquée par le décès de Louise, Élie doit apprendre à vivre la vie en turquoise ».

Ce livre, c’est en réalité un chef-d’œuvre à deux mains puisqu’Élise l’a co-écrit avec le consentement de sa sœur.

« Quand on avait un espoir de rémission, on avait commencé à recenser avec ma sœur, tous ses récits sur les réseaux sociaux pour en faire un livre témoignage. Ça nous faisait une activité à partager ensemble car elle était très souvent alitée. Et quand on a su qu’elle était condamnée par la maladie, elle m’a envoyé son fichier et je lui avais promis que je m’en servirais pour écrire un livre à deux voix. Et c’est ce que j’ai fait. »  

Et au lieu d’en faire un témoignage, très sélectif, Élise a fait le choix d’écrire un roman pour qu’il soit à la portée de tous.

« Quand on est aidant on se sent vraiment très impuissant, alors ça m’a fait du bien d’écrire. Je me suis sentie utile en honorant la promesse faite à ma sœur et en informant le public sur le sujet. D’ailleurs, certains lecteurs atteints de cancer, ont remercié ma sœur à travers moi car ils se retrouvaient dans le point de vue de Louise » confie Élise.

Le vécu du cancer reste encore un sujet tabou dans notre société, et la littérature permet de contribuer à lever ces freins. D’ailleurs, Élise Giraudau souhaite continuer à publier des récits engagés, avec notamment la sortie d’un roman en fin d’année sur les violences sexistes et sexuelles des hommes envers les femmes et les hommes mais également des troubles des conduites alimentaires et de l’alcoolisme chez les jeunes.

« Pour l’heure, c’est une volonté de ma part d’écrire des romans engagés. J’ai envie de continuer à aborder des sujets encore trop tabous » termine Élise.

Des propos recueillis par Corinne NKONDJOCK

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